LA FORME MUSICALE

Le titre de ce post peut paraitre un peu « putaclic » mais il décrit pourtant très bien ce dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui et à quel point cela peut changer notre vie d’artiste.

De nos jours, nos ressources en attention sont de plus en plus malmenées par un flux d’informations constant : chaines d’infos en continu, notifications sur le téléphone, réseaux sociaux, la liste continue de s’allonger…

On dirait que le monde moderne conspire contre notre capacité à rester concentré.

En tant que musicien depuis la tendre enfance, j’ai eu l’occasion comme beaucoup d’autres de me familiariser avec un état psychique d’absorption totale dans la pratique instrumentale et je connais le bien-être presque étrange que peut procurer la pratique assidue d’un instrument pendant plusieurs heures d’affilée. Un sentiment de flottement, de joie sans raison, de détente et d’énergie simultanées, d’oubli du temps…

Avec l’arrivée des nouvelles technologies, ces moments ont eu tendance à se raréfier dans ma vie. J’ai dû apprendre à me battre consciemment contre moi-même pour permettre à nouveau leur émergence : couper le wifi, mettre le téléphone en mode avion afin de réapprendre à me concentrer VRAIMENT. Pratiquer le piano ou la guitare, composer, lire un livre, écrire pour le blog, préparer un programme de formation pour SawUp… N’importe, mais mettre en place des mesures pour me retrouver ici et maintenant.

Il y a quelques années j’ai découvert le concept de flow que l’on doit à un psychologue célèbre : Mihály Csíkszentmihályi (prononcer « Tchiktchentmiali »). Peut-être en avez-vous déjà entendu parler ? En gros, le flow est le nom que Csíkszentmihályi à donné à cet état psychologique particulier d’absorption dans une activité, quelle qu’en soit la nature. Il est caractérisé par plusieurs éléments :

  • une concentration intense focalisée sur le moment présent
  • la disparition de la distance entre le sujet et l’objet (entre vous et ce que vous faites autrement dit)
  • perte du sentiment de conscience de soi
  • sensation de contrôle et de puissance sur l’activité ou la situation
  • distorsion de la perception du temps
  • activité gratifiante dite « autotélique » (sans autre visée qu’elle-même)
  • rétroaction immédiate de nos actions
  • sentiment d’être en situation de réussir
  • immersion telle dans l’activité que les autres besoins en deviennent négligeables

Ce n’est pas un hasard si Csíkszentmihályi a d’abord étudié ces états chez les artistes puis les scientifiques

Il a par la suite analysé les conditions de leurs apparitions en évaluant statistiquement le niveau de bonheur d’un vaste échantillon de personnes de cultures et de niveaux socio-économiques variés selon leurs activités et leur niveau de concentration à 10 moments aléatoires de la journée.

Une des surprises de ces expériences a été de montrer que le bonheur n’était pas relié aux loisirs, au repos ou à la détente, mais plutôt aux moments d’intense activité.

L’état de bonheur était maximal et le flow possible dans des circonstances précises :

  • Une activité avec des buts bien définis.
  • La tâche en cours produisant une rétroaction immédiate telle que l’on peut.
  • Réajuster son action au fur et à mesure.
  • Equilibre entre le défi à relever et les compétences mises en oeuvre, avec au fond.
  • La confiance que l’on est capable d’y arriver.

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Les personnes se disant les plus heureuses avaient pour point commun qu’une grande partie de leurs temps était dédiée à des activités autotéliques (sans autre but qu’elles-même) : peinture, jardinage, bricolage, lecture, résolution de problèmes de mathématiques, piano… Des activités dont la satisfaction inhérente est immédiate. Il a appelé ces personnes “personnalités autotéliques”.

De même, il montre que passées un certain seuil au-dessus du niveau de pauvreté, les ressources matérielles n’ont plus aucune influence sur la sensation de bonheur, ce qui est pourtant le credo de nos sociétés consuméristes.

S’il est vrai que le manque de ressources matérielles peut générer le malheur, leur augmentation au-delà d’un seuil n’a plus d’impact sur notre bonheur.

Il y aurait tant à dire, le sujet est vaste, mais je pense que vous voyez tout l’intérêt en tant que musiciens de vous familiariser avec ce concept de flow. Identifier et créer les conditions du flow nous permet non seulement de mieux réussir dans ce que nous faisons, mais également et surtout de le faire dans un état mental agréable voire extatique par moments.

Pour aller plus loin, je vous recommande la lecture du libre éponyme « Flow » de Csíkszentmihályi traduit en français sous le titre un peu kitsch « Vivre, la psychologie du bonheur » (Poche ; 7,90€)

Vous pouvez aussi regarder sa conférence Ted de 2004 (sous-titres français disponibles) mais le bouquin est plus intéressant à mon sens.

Et vous, comment créez-vous les conditions du flow ? Quels sont vos trucs pour l’atteindre ? Racontez-vous votre dernière expérience de flox !

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Xavier Collet

Xavier Collet

Fondateur de SawUp

“Que faire quand on a passé les 30 dernières années à étudier passionnément toutes sortes de musique ? A travers SawUp, j’ai décidé de me vouer à la transmission en devenant “passeur de musique”. Chaque nouveau projet de formation est l’occasion pour moi de transformer mon insatiable curiosité en un engagement pédagogique au service de la communauté des musiciens d’aujourd’hui.”

Musique préférée : Esbjörn Svensson Trio – “Elevation of love”