MUSIQUE ET DESIGN SONORE AU CINÉMA

La fonction de « designer sonore » est apparue relativement récemment au cinéma. L’émergence du design sonore comme discipline autonome s’est faite dans les années 1970, grâce à des personnalités comme Ben Burtt (Star Wars, Wall-E, …) ou Walter Murch (THX 1138, Apocalypse Now). Il serait erroné de croire que pour autant la création sonore au cinéma n’existait pas avant cela.

Toute la chaine de production audio du cinéma est oeuvre de design sonore au sens large : le choix des micros et de leur placement dans la prise du son direct, la puissance évocatrice des sons apportée par les bruiteurs, l’écriture sonore mise en oeuvre par le monteur son et l’orchestration finale qu’en fait le mixeur.

Le design sonore au cinéma

Le design sonore s’est imposé comme discipline autonome principalement avec le développement du cinéma fantastique et de science-fiction. La création d’univers futuristes ou la représentation d’évènements étranges a mis en lumière le besoin de créer des mondes sonores complexes faisant appel à d’autres techniques que celles d’un cinéma plus conventionnel. Réflexion et coordination en amont de la production du film sont devenus nécessaires, afin de garantir originalité, cohérence et efficacité dans les orientations sonores.

La partition sonore d’un film est habituellement constituée des dialogues, des ambiances, des effets sonores et de la musique. Dans le film de genre, le design sonore apporte une surcouche subjective aux ambiances et effets sonores, les magnifiant au point de les faire parfois passer au premier rang de la perception auditive (le sabre laser de Star Wars typiquement). Alors que le design sonore s’impose de plus en plus comme une composante majeure de la bande-son du film se pose la question de la cohabitation avec la musique. Le danger existe que leur partitions respectives se parasitent, se masquent et, partiellement supprimées au mixage final, ne représente une perte (créative et financière) pour le film.

Voici quelques idées susceptibles de favoriser leur cohabitation :

  • Le réalisateur, le compositeur et le designer sonore se rencontrent le plus tôt possible dans le processus de création du film afin de discuter leurs intentions esthétiques respectives.
  • Le designer sonore a une idée précise de la « cue list » des musiques afin de ne pas charger sur le plan sonore les moments où elles apparaissent.
  • Une mise en avant alternée de l’un et de l’autre est favorisée.
  • Une répartition fréquentielle ad hoc de ces 2 composantes est faite en cas de superposition.

Envie de découvrir noTRE PARCOURS DESIGN SONORE ?

Chez SawUp, nous proposons une formation ultra complète en design sonore. Et vous voulez connaitre la bonne nouvelle ? Elle est 100% financable par un OPCO.

La répartition fréquentielle

Ce dernier point mérite d’être développé. Dans son livre “Sound Design: The Expressive Power of Music, Voice, and Sound Effects in Cinema” , David Sonnenschein raconte le mode de collaboration de Dane Davis et Don Davis, respectivement designer sonore et compositeur de Matrix. Ce film, en tant que blockbuster de la science-fiction pose de manière évidente le problème de la cohabitation du sound design et de la musique. La musique est quasi permanente et les scènes d’action ou de combat rendent la présence du sound design également très intense .

Afin de prévenir tout problème majeur en phase de mixage, Dane et Don se sont mis d’accord pour alterner dans le temps le “focus” sonore entre sound design et musique (cf suggestion 3). Quand cela n’était pas possible, par exemple dans le cas de scènes paroxistiques, ils se sont répartis l’énergie fréquentielle afin de prévenir tout masquage potentiel.

Dane explique le procédé :

“We would separate by frequencies as well, knowing how the dynamics of the spectrum were going to play, so that the music wouldn’t have any big bass during a big explosion, or any high violins when there was glass breaking.”

Je trouve particulièrement intéressant cette manière de procéder. Ils ont conçu la partition sonore du film à la manière d’un orchestrateur qui ferait jouer les différents groupes d’instruments à dessein.

Et vous, quel film vous a marqué par une combinaison musique / sound design réussie ? Pourquoi ?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Xavier Collet

Xavier Collet

Fondateur de SawUp

“Que faire quand on a passé les 30 dernières années à étudier passionnément toutes sortes de musique ? A travers SawUp, j’ai décidé de me vouer à la transmission en devenant “passeur de musique”. Chaque nouveau projet de formation est l’occasion pour moi de transformer mon insatiable curiosité en un engagement pédagogique au service de la communauté des musiciens d’aujourd’hui.”

Musique préférée : Esbjörn Svensson Trio – “Elevation of love”