3ÈME PARTIE DU DOSSIER SUR LE DESIGN SONORE
Avec des sources électriques comme la guitare passée dans des pédales d’effets ou les synthétiseurs analogiques (Abbey Road est l’un des premiers albums incluant le Moog), la poursuite du réalisme sonore n’était plus aussi pertinente : on pouvait placer librement une source complètement à gauche et l’autre à droite dans l’espace stéréophonique, ajouter des effets spéciaux (réverbération, écho, distorsion, chorus…), raconter des histoires en filigrane en introduisant des enregistrements extra-musicaux dans un concept album etc…
Le producteur musical

Seul Let it be, le dernier album des Beatles, ne sera pas produit par lui mais par l’illustre Phil Spector, créateur du « mur de son » et sans doute le premier à avoir pris une place aussi importante dans la musique des artistes qu’il produisait, intervenant durant toutes les phases de la création du disque.
Le mur de son

Bien plus qu’une astuce d’ingénieur du son, la technique du « mur du son » a influencé toute la production pop et Rock jusqu’à nos jours : « Good Vibrations » des Beach Boys (producteur Brian Wilson, utilisation notable du Theremin, chose rare sur des enregistrements de musique pop), « Bohemian Rhapsody » de Queen ou encore « Dancing Queen » de Abba sont quelques-uns des morceaux utilisant cette technique.
La recette du « mur de son » est la suivante : faire jouer les parties de guitare à l’unisson par 3, 4, 5 musiciens différents, utiliser des instruments de l’orchestre pour densifier l’arrangement (cuivres en particulier), occuper le haut du spectre grâce aux cordes, densifier le continuum rythmique par l’emploi de petites percussions (tambourin, cloches, shakers…). Pour courroner le tout, faire un usage abondant des chambres d’écho afin de donner de la profondeur au son : le son capté en studio est diffusé dans des pièces très réverbérantes à l’aide de hauts parleurs ; le son y est capté par des microphones qui renvoient le signal coloré sur des canaux de la console afin de les enregistrer mélangé aux sources dry.
La tradition du producteur musical en Rock est resté proéminente jusqu’à nos jours. Le succès du Black album de Metallica doit beaucoup à Bob Rock ; Nevermind de Nirvana n’aurait peut-être pas dépassé les ventes du Dangerous de Michael Jackson en 1992 sans la patte de son producteur Butch Vig.
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Pourquoi ce long détour par la production musicale en Rock ?

Outre l’influence du Rock, le cinéma lui-même a suivi des voies qui ont favorisé l’émergence du sound designer. Le développement d’un cinéma se déployant dans des contextes narratifs relativement peu fréquents jusqu’alors (science-fiction, horreur, étrange, épouvante, fantastique…) a mis en évidence un besoin de sons inouïs (c’est-à-dire n’existant pas dans la réalité) et donc de professionnels pour les créer. Enfin, le développement des études filmiques au sein des universités américaines a permis aux étudiants d’avoir une introduction à chacune des branches du cinéma – dont le son – et ainsi d’y déployer leur créativité.
Dans le prochain billet de ce dossier, nous verrons ce que le sound design doit aux films de science fiction de la nouvelle vague française, elle qui poussa à son paroxysme l’individualisation de la bande-son, caractéristique que l’on retrouvera sur des films comme THX 1138, le premier (et méconnu) long-métrage de Georges Lucas.

Xavier Collet
Fondateur de SawUp
“Que faire quand on a passé les 30 dernières années à étudier passionnément toutes sortes de musique ? A travers SawUp, j’ai décidé de me vouer à la transmission en devenant “passeur de musique”. Chaque nouveau projet de formation est l’occasion pour moi de transformer mon insatiable curiosité en un engagement pédagogique au service de la communauté des musiciens d’aujourd’hui.”
Musique préférée : Esbjörn Svensson Trio – “Elevation of love”
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